L'homme est un roseau pensant. PDF Imprimer Envoyer
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Écrit par Thierry Urbain   
Lundi, 22 Juin 2015 23:57

Les jours me sont comptés et je pense, je pense que je dois faire un bilan.

J'avais 7 ou 8 ans quand la première fois, j'ai pensé que j'aurais préféré ne pas naître car naître impliquait un jour de mourir. Pourquoi avoir de telle pensées à cet âge? La pratique intense de la religion catholique nous confrontait à des menaces pour une vie future en enfer si on ne respectait pas les intransigeances d'un Dieu sévère et irréflexible... C'est bien plus tard que j'ai compris les dérives entre une philosophie chrétienne et  ce que nous imposait l'Eglise. Peut-on imaginer le Christ envoyer des hommes pour les croisades? Et Dieu existe-t-il? S'il existait ou existe, il se comporterait comme un père et peut-on imaginer un père avoir des enfants pour les conduire en enfer? A l'heure où un califat islamique veut imposer les dérives du catholicisme jadis, il faut se rappeler que l'évolution de notre pensée et de  notre savoir a pu se développer à une vitesse surmultipliée grâce à l'imprimerie mais aussi grâce au protestantisme. Le monde de l'image aujourd'hui agresse la pensée avant de lui donner une explication. L'instruction est un combat de chaque instant.  Le monde catholique voulait préserver ses prérogatives et refusait une instruction ouverte au peuple. C'est vrai que l'Eglise avait réussi à organiser toute une société à l'image du monde musulman qui se refuse à l'évolution. Il aura fallu un revirement du pape et l'investiture de Ignace de Loyola pour connaître l'évolution qui a suivi... Mon mode de pensée se situe à deux niveaux d'un côté philosophique aux valeurs chrétiennes et d'un autre côté celui de notre évolution historique autour de l'église qui a forgé nos traditions. Nous avons besoin de traditions comme nous avons besoin d'un modèle philosophique. Notre passé nous présente beaucoup de lacunes mais rejeter le passé pour ses lacunes serait une erreur car c'est le vide qui s'installe. Comme la nature a  horreur du vide, vous êtes alors submergés par pire que votre passé et ce pire vous est imposé... Il convient donc d'accepter d'où on vient et de s'adapter à l'évolution. Quand on naît, on ne choisit pas sa société. Il ne faut surtout pas croire que nous vivons en ce moment une période idyllique. Nous sommes écrasés par les médias qui prêchent, je ne sais pas toujours pour quels intérêts mais le savent-ils eux-mêmes? Un seul mot d'ordre leur incombe : l'audimat. L'évolution de l'humanité se fait par la transmission accrue d'un savoir. Doit-on croire que les grandes guerres y ont participé? Elles se sont surtout révélées inutiles et fatales au petit peuple sauf que l'histoire ne retient que le vainqueur. Je n'ai jamais compris comment l'homme pouvait être aussi belliqueux. On m'a appris très tôt que l'homme était un être doué de raison mais l'histoire m'incite à trouver que sa raison n'est pas spécialement rationnelle. L'enfant a une raison rationnelle si on l'aide dans le développement de sa pensée par lui-même. Jean-Jacques Rousseau n'avait pas tort dans son approche première que l'enfant naît bon mais que la société le déforme. Alors que je donnais encore cours, j'ai suivi un séminaire de philosophie pour enfants... Evidemment, j'ai quelque peu expérimenté mes apprentissages et je me suis rendu compte que les enfants réagissaient bien et étaient d'une logique implacable. Le problème fut que les enfants posaient des questions à la maison. Les parents qui avaient eu l'habitude dans leur enfance de suivre une voie toute tracée sans discuter n'appréciaient pas trop... Que dire de nos politiciens qui se battent sur ces sujets? Je pense qu'ils font beaucoup de bruit car plus ils en font et plus on parle d'eux. En bien, en mal, et aux élections, les votants retiennent les noms de ceux qui ont fait le plus de bruit. J'ai toujours haï la mixture faite dans l'enseignement entre la philosophie et la religion. La philosophie est la recherche de la sagesse par la pensée construite. Qui peut me trouver une religion qui témoigne d'un total respect de cette sagesse? En étant à Hong Kong et au Vietnam, j'ai quelque peu côtoyé le bouddhisme considéré entre la religion et la philosophie. Ma surprise fut grande quand je vis le Bouddha de Hong Kong vénéré comme la vierge à Lourdes... C'est dans cet esprit que j'ai repensé à l'Egypte où le pharaon a compris que le peuple offrait des présents et demandait à avoir des dieux pour espérer sur ce qu'il ne comprend pas. C'est dans cette voie que bien des leaders se sont engagés pour manipuler les sujets. Nos dirigeants ont bien essayé d'imaginer un au-delà mais ont surtout profité de la situation pour s'imposer sur notre bas monde.

Si le monde humain veut évoluer, il faudra que chaque être se revoit à sa place plaçant la modestie sur la base initiale.

Une dissertation de fin d'humanité début des années 70 m'a beaucoup inspiré: "Avant d'être une homme, il faut être un non-conformiste."de Ralph Waldo Emerson. Son inspiration sur le transcendantalisme rejoint Rousseau mais également mon opinion que nous avons besoin d'un vrai cours de philosophie dès le plus jeune âge. Réfléchir à ce niveau bouscule la bourgeoisie en place. Le problème est qu'il bouscule trop la bourgeoisie en place. N'ayant aucun intérêt politique et conduisant vers des chemins nouveaux, nos baratineurs politiques trouveront mèche à redire sur des sujets qui engloberont la citoyenneté, la multiculturalité, les relations familiales,... Faire perpétuellement table rase et se remettre au pied de la pensée semblera un travail trop fastidieux.

La première réflexion des enfants viendrait probablement des divergences vécues. Les réflexions vaudraient certainement le première leçons de mathématique!

Bien des tabous pourraient tomber dès les premiers abords.

Le magnifique travail organisé part Mathew Lipman et l'équipe de Marie Pierre Grosjean mérite un jour de se retrouver à sa juste place.

un mot d'approche : http://www.pharewb.be/

Nous avons besoin de maîtres formés pour encadrer les réponses. Il faudra pouvoir montrer que des questions restent pour le moment sans réponse. Il faut recadrer les religions dans leur contexte. Ce ne sont pas les débats du dimanche midi qui me font penser que nos femmes et hommes politiques sont ouverts à ce type de discussion. A les écouter, je comprends qu'ils ignorent ce qu'est un vrai cours de philosophie. Ils viennent avec des idées à essayer de convaincre l'autre qui n'écoute pas et est persuadé du contraire...

Les religions rejoignent l'homme dans la civilisation et à cet égard, elles sont toutes intéressantes à approcher. Cependant, il faut préserver dans notre tradition une part plus importante à la religion locale car notre religion appartient au patrimoine culturel. Il suffit de regarder les intéressantes civilisations qui se sont développées autour du bassin méditerranéen. Nous ne devons rejeter l'autre mais préserver notre patrimoine. Hélas, des leaders politiques utilisent leur dogmatisme religieux à des fins de pouvoir! Nous devons nous méfier du prosélytisme diffusé dans certains courants religieux. Ces courants n'ont rien à voir avec la recherche d'une philosophie mais cherchent à s'attacher à un leadership dogmatique.

Nous retrouvons ici le terme qui détermine notre société : le pouvoir auquel un autre s'attache inéluctablement : l'argent.

Pour favoriser les excès, l'homme a inventé les tabous comme les mystères dans la foi. Or la simple discussion philosophique sans exacerbation pourrait délimiter les encouragements au progrès et limiter que les vibrations des bourses ne soient pas pas dues uniquement à des spéculateurs qui utilisent quand c'est positif l'argent des autres à leur profit mais qui vont réclamer aux pouvoirs publics les lacunes de leurs gestions. Aujourd'hui, nous avons des hommes avec des privilèges protégés par les lois qui rendent fébriles la solidité des marchés. Je peux penser que ces hommes forts de l'argent des autres seront le premiers à rejeter d'un revers d'une main des entrevues philosophiques.

Une première conclusion est de voir que malgré un nombre impressionnant de gestes de bonne volonté, notre monde évolue avec des modifications qui se révèlent vite insuffisantes. Est-il trop illusoire d'organiser un cours de philosophie dès la scolarisation? S'interroger sur tout et sans tabou? Un cours de philosophie qui n'impose rien qui prévient des dérapages.

Notre société a besoin de former des gens honnêtes. Nos enfants ne doivent pas devenir des jouets avec des mitraillettes, de petites mains dans les usines ou chez nous des électeurs dociles... Notre école a encore un chemin à se construire.

Dans ce monde complexe merveilleux et destructeur, qui sommes-nous? C'est dérouté par le nombre de questions que l'on peut se poser que l'homme a imaginé un être supérieur, un super horloger. Nous devons sûrement retrouver chez nos philosophes grecs une partie de la voie de la sagesse. Dans ce monde multiculturel, chacun peut avoir une philosophie qui lui est propre sans pour autant nuire à son voisin. Je crois avoir trouvé chez Camus un moteur de mon existence. Je me suis créé un but comme dans le mythe de Sysiphe. Malheureusement, je me retrouve en haut de la colline... Incapable par moi-même de recommencer l'ascension, je peux compter sur les miens pour gravir une nouvelle colline.

J'espère que sur le gravissement de la colline, j'ai laissé des marques pour faire comprendre que l'enseignement est une base, est la seule base d'essor pour l'avancée de l'homme. Je crois en l'homme mais c'est son transcendantalisme qui doit gagner le développement. Je ne sais qui est Dieu? S'il existe réellement, mais il y a un peu de Dieu dans chacun de nous.

Notre enseignement doit nous éloigner de nos instincts reptiliens. (se battre pour survivre)

Le premier apprentissage réel de l'enfant scolarisé est qu'il va apprendre à différer l'acte!

L'homme évolue par la transmission de ses savoirs nouveaux et par ses comportements nouveaux.

 

Malheureusement, trop de leaders utilisent l'enseignement non pas à cette fin d'épanouissement personnel mais vers des projets collectifs pseudo-religieux ou autres. Je me gausse d'entendre parler d'école musulmane; c'est comme le petit livre rouge de Mao, plein de préceptes qui conduisent à une société fermée voir intolérante. Notre gauche bourgeoise bcbg est toujours si prête pour envoyer ses bons offices se laisse piéger par les manipulateurs de l'autre camp. Je n'apprécie par exemple par du tout le terme d'école coranique. Pour moi, ce n'est pas une école dans le sens de conduire à une meilleure connaissance et à un épanouissement. C'est une école de principes qui donne des codes de vie mais qui ne donne pas un épanouissement , une tolérance, une ouverture sur le monde extérieur. C'est sensiblement le même enseignement qui était donné dans les milieux catholiques chez nous avant la révolution française. Certes, il valait mieux un enseignement que pas d'enseignement du tout mais le danger des extrémismes vient de là.

 

Qui suis-je avec cette foule de pensées?

Bientôt, je m'arrêterai de penser. Ainsi en a décidé le grand ordonnateur...

Je ne serai plus qu'un souvenir.

J'espère trouver la sérénité si belle quand on la rencontre sur terre. Il faut vivre, parfois devoir émerger mais jamais écraser l'autre. Il y a place pour tout le monde et chacun a une place utile. Que de belles choses ai-je rencontrées dans mes voyages! Que de rencontres intéressantes! Je n'ai pas rencontré d'hommes inférieurs ou d'hommes supérieurs. J'ai rencontré des hommes avec des aptitudes, des faiblesses.

Des hommes m'ont rencontré avec mes aptitudes, mes faiblesses.

Je me souviens d'un cours de religion de Michel Duhayon qui disait que chaque être humain est une brique dans la grande maison qu'est notre société. A chacun de bien la placer pour qu'elle soit la plus utile possible. Comme fils et petit-fils de maçons, cette image m'avait profondément marqué et j'espère avoir bien placé ma brique de vie.

En approfondissant encore un peu, je trouve trois pôles orientant notre vie:

- La philosophie qui est la recherche de la sagesse par la pensée

- La religion qui est une tradition qui s'établit au fil du temps et qui permet à chacun de se repérer dans l'histoire

- La manipulation religieuse qui est un leurre pour s'accaparer du pouvoir

 

Si on n'incorpore pas une philosophie neutre dans le cours de religion, les manipulateurs ont encore beaux jours devant eux!!! L'histoire religieuse d'un peuple a un sens et marque une appartenance. On a besoin de connaître ses origines. Nulle origine n'est supérieure aux autres. Toute origine se respecte et doit respecter les autres.

 

La philosophie n'est pas un sac de préceptes que l'on déverse mais la richesse des rencontres de chaque jour : admirer un beau paysage, parler avec un inconnu, écouter une belle musique,... On peut aussi se poser des questions et ne pas savoir y apporter de réponse. L'homme est un roseau pensant et il doit pouvoir penser librement. Ainsi parlant, je pense à Diogène qui se satisfaisant du nécessaire refusa les présents matériels que voulait lui offrir le roi en lui disant "Ôte-toi de mon soleil."

Il y a tant de belles choses qui me font regretter ma vie trop brève mais même avec 30 ans de plus, elle aurait quand même été trop brève.

Jacques Brel nous a écrit une magnifique chanson à ce propos : Sur la place...

Soyons optimistes, recherchons le beau et la société progressera.

Notre vie sur terre n'est qu'un passage qui sera réussi si on a semé un peu d'amour autour de nous.

 

 

 

Mise à jour le Dimanche, 05 Juillet 2015 19:22